La CCHADO et l’AQME déplorent le manque de vision du gouvernement et doutent de la faisabilité du projet sur ce site

Outaouais, le 20 juin 2024 – Ce matin, le gouvernement du Québec annoncera le choix du site Asticou pour la localisation du futur centre hospitalier affilié universitaire (CHAU). La Coalition pour un centre hospitalier accessible et durable en Outaouais (CCHADO) et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) déplorent le manque de vision liée à cette annonce et doutent de la capacité de réalisation du projet sur ce site.

Selon la CCHADO et l’AQME, la volonté de trouver un site respectant les orientations gouvernementales en matière d’aménagement (PNAAT), de mobilité (PMD) et de santé (PGPS) pour une infrastructure publique de cette envergure n’était pas véritablement présente de la part du gouvernement du Québec. En effet, lors de deux rencontres tenues hier avec le gouvernement pour entendre les explications sur le choix du site Asticou, on en vient à la conclusion que tout le processus amenait à faire un mauvais choix et à trouver des excuses pour aller à l’encontre de ses propres orientations.

En outre, on note l’absence de partenariat avec le gouvernement fédéral, comme celui ayant pris forme du côté d’Ottawa pour le nouvel hôpital, afin d’étudier sérieusement tous les terrains possibles. Cela a potentiellement empêché des choix responsables comme celui du site de la Carrière Sud et celui du site de la Fonderie, par exemple. Deux sites idéaux ayant le potentiel d’accélérer le processus de construction du futur CHAU par rapport au choix actuel.

« Des choix arbitraires ont été faits, ce qui a eu pour effet d’exclure des sites idéaux proposés par la Coalition, des sites qui respectent en tous points les orientations gouvernementales. On a manqué l’occasion de faire preuve de vision et d’aller au-delà des processus traditionnels pour montrer l’exemple. Nous ferons les frais de cette décision pour des générations à venir », a déclaré Patrick Robert-Meunier, directeur général de MOBI-O et porte-parole de la CCHADO.

En ce qui a trait au choix du site Asticou, la CCHADO et l’AQME soulignent les enjeux majeurs liés à la localisation. Elles sont même convaincues que ces enjeux sont si importants que le gouvernement devra éventuellement à nouveau changer d’idée, et de site. En plus des enjeux incontournables liés à l’aménagement et la mobilité, on note pour le site Asticou les préoccupations suivantes :

• impact de cette nouvelle infrastructure à proximité du parc sur la faune et la flore

• coûts importants de mise à niveau des infrastructures publiques et de transport imputables à la municipalité

• accès des ambulances au site

• manque de services à proximité

• absence d’hôtels et autres commodités pour accueillir les visiteurs

• mix énergétique des nouveaux bâtiments

• faible impact sur le développement économique

• impact potentiel de la localisation excentrée sur l’attractivité et la rétention de la main-d’œuvre.

Selon la CCHADO et l’AQME, il est donc encore possible de repositionner le futur CHAU au bon endroit, une infrastructure qui desservira l’Outaouais pour les cent prochaines années.

Par ailleurs, malgré l’annonce du choix du site Asticou, la CCHADO et l’AQME se réjouissent tout de même de l’abandon du site du boulevard de la Technologie. Ce site présentait des enjeux majeurs liés à l’accessibilité et à l’étalement urbain, mais aussi des enjeux liés à la stabilité des sols et la destruction de milieux naturels et humides. Rappelons que la Coalition avait soulevé à maintes reprises ces préoccupations, qui ont finalement été reconnues par le gouvernement.

Manque de collaboration avec la communauté

Malgré les multiples interventions auprès du gouvernement depuis trois ans, les organisations notent que jamais la communauté n’a été véritablement consultée pour accompagner le gouvernement dans le cheminement du projet et être vraiment partie prenante de cette décision. Le gouvernement aurait pu mettre à profit tout le temps lié aux analyses des derniers mois pour mieux écouter le milieu, écouter ses solutions et réaliser une vraie concertation. Malheureusement, la communauté est aujourd’hui mise devant un fait accompli. Deux seules rencontres d’échange ont été organisées et elles n’ont eu lieu qu’hier, à la veille de l’annonce de la décision. Plusieurs enjeux ont été soulevés et plusieurs questions sont demeurées sans réponse.

« Conscients de l’importance d’assurer des investissements dans notre système de santé en Outaouais, nous aurions été heureux d’être à la table pour l’annonce aujourd’hui. Malheureusement, plusieurs interrogations demeurent pour nous. Pour une infrastructure qui doit bénéficier à la communauté, nous constatons que nous n’avons pu contribuer à la discussion sur le site malgré nos tentatives. Aujourd’hui, on annonce un projet pour la communauté, mais on l’a fait sans elle », a déclaré Benoit Delage, directeur général du CREDDO et membre de la CCHADO.

Des médecins préoccupé.e.s par l’accessibilité et la carboneutralité

L’AQME a fait parvenir en avril dernier une lettre au ministre de la Santé, Christian Dubé, avec en copie conforme Mathieu Lacombe, ministre responsable de la région de l’Outaouais, notamment. Sans réponse depuis, cette lettre a été publiée cette semaine dans le quotidien Le Droit, accompagnée d’un article, dans lequel la présidente, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, déclarait que « construire un hôpital, ça n’arrive pas souvent [et que c’est] une opportunité en or à saisir pour montrer l’exemple en matière de développement durable et de réponse aux valeurs que la population souhaite voir de la part du gouvernement. »

L’AQME est d’avis que le futur centre hospitalier régional de l’Outaouais doit casser le moule dans lequel se trouvent les projets d’infrastructures en santé depuis des décennies. Cela implique aussi la prise en compte sérieuse des types de mobilité susceptibles de réduire les GES dans les principes de conception d’une telle infrastructure vitale, sans compter les bénéfices pour la santé humaine des personnes qui se rendront à ce nouvel hôpital en transport collectif et actif, et les économies afférentes pour notre système de santé. Rappelons que l’AQME travaille à ce que le réseau de la santé et des services sociaux atteigne la carboneutralité avant 2040, tel qu’en témoigne la pétition déposée à l’Assemblée nationale en 2022 en ce sens, avec plus de 3500 signatures. L’AQME rassemble aussi des médecins au sein d’une communauté de pratique des Éco-CMDP, où sont discutés et partagés de nombreux enjeux relatifs aux différentes dimensions de la carboneutralité, et notamment l’emplacement des hôpitaux, afin qu’ils deviennent plus écologiques.

À propos de la CCHADO et de l’AQME

Lancée à l’automne 2021, la Coalition pour un centre hospitalier accessible et durable de l’Outaouais (CCHADO) est un regroupement citoyen composé de personnes expertes, d’organismes, de personnalités publiques et d’individus provenant de milieux variés (social, économique et citoyen). La Coalition milite en faveur d’un site central pour la localisation du futur centre hospitalier affilié universitaire (CHAU) en Outaouais, à proximité des réseaux de transport collectif et actif et loin des milieux naturels. Pour plus de détails : https://coalitionhopital.com/qui-sommes-nous/

Officiellement créée en 2018, l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) regroupe des centaines de médecins québécois.es interpellé.e.s par les enjeux environnementaux. L’AQME s’intéresse notamment aux impacts des changements climatiques sur la santé, aux transports actifs et en commun, aux pesticides, à la protection de la nature, et aux enjeux énergétiques. L’AQME est la branche québécoise de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME-CAPE), fondée en 1993.

Renseignements :

Patrick Robert-Meunier
Porte-parole de la Coalition pour un centre hospitalier accessible et durable de l’Outaouais (CCHADO)
Directeur général de MOBI-O
Cellulaire: (819) 930-1223
Bureau : (819) 205-2085 poste 104
Courriel : patrick.robert-meunier@mobi-o.ca

Patricia Clermont
Organisatrice et responsable des médias pour le Québec, Ph.D
Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
Cellulaire: (438) 356-2305
Courriel : patricia@cape.ca