Le jeu libre dans la rue touche différentes thématiques liées à la sécurité routière : vitesse, visibilité, courtoisie, … MOBI-O vous propose d’aborder dans cet article les points essentiels pour le bon déroulement des activités de jeu dans la rue à Gatineau.
Sommaire :
- Le projet-pilote Jouer dans ma rue : Qu’est-ce que c’est ?
- Les impacts du projet-pilote
- Témoignages
- Ce qu’il faut retenir : le b.a-ba du jeu dans la rue
Le projet-pilote Jouer dans ma rue : Qu’est-ce que c’est ?
Souvenir d’enfance pour les uns, nouveauté pour les autres, le jeu libre dans la rue retrouve tranquillement sa place à Gatineau.
Habitués à considérer la rue pour la circulation des véhicules motorisés, les citoyen(ne)s doivent maintenant (ré)apprendre à la partager avec les usagers les plus vulnérables : les enfants.
Le jeu libre dans la rue s’inscrit donc dans une démarche de responsabilisation de tous les usagers de la route, c’est-à-dire de chaque citoyen(ne).
Porteur du projet-pilote : la Ville de Gatineau
Bien que le code de sécurité routière interdise le jeu dans la rue, la loi permet maintenant aux municipalités d’autoriser le jeu libre dans certaines rues. Considérant l’intérêt des citoyen(ne)s suite aux consultations que la Ville de Gatineau a menées, la mise en place du projet-pilote Jouer dans ma rue a débuté durant l’été 2020.
Afin de favoriser une meilleure cohabitation entre les usagers et la sécurité des jeunes, les 50 rues sélectionnées pour participer au projet-pilote devaient répondre à plusieurs critères, entre autres :
- Que la vitesse maximale autorisée soit de 40km/h ;
- Qu’il n’y ait pas de circuit de transport en commun ;
- Que la rue offre une zone de jeu d’au moins 100m ;
- Qu’elle soit située à une distance d’au moins 30m de courbes ou d’intersections.
De nouveaux panneaux sont apparus à Gatineau. Les avez-vous remarqués?
Réduisez votre vitesse et soyez vigilant(e)s à l’approche de cette signalisation pour assurer la sécurité des enfants.
Pour le bon déroulement du projet, un code de conduite pour les participant(e)s a été élaboré, comprenant notamment les conditions suivantes :
- Le jeu est permis dans la rue de 9h le matin jusqu’à 30 minutes après le coucher du soleil afin d’assurer une bonne visibilité ;
- Les personnes participantes doivent laisser passer les véhicules qui circulent et doivent jouer à plus de 3 m des véhicules stationnés ;
- Lors d’intempéries ou de travaux, le jeu est interdit puisque ces conditions pourraient nuire à la sécurité.
Les impacts du projet-pilote
1. Pour les résidents des rues choisies et ceux qui y circulent
Être visible : attention aux angles morts
Pour s’assurer de la visibilité des enfants, des piéton(ne)s et des cyclistes, les usagers de la route doivent redoubler de prudence face aux angles morts des véhicules. Les angles morts se trouvent tout autour de chaque véhicule, mais leurs dimensions et leur emplacement varient selon le modèle. Plus un véhicule est haut et long, plus les angles morts sont grands ! Par exemple, les véhicules utilitaires sport sont omniprésents dans les quartiers résidentiels et leurs dimensions font en sorte que leurs angles morts sont très grands.
Les usagers vulnérables (piétons, cyclistes, etc.) sont les premières victimes des angles morts.
Il y a plusieurs obstacles qui peuvent nuire à la visibilité des personnes au volant, comme par exemple les piliers du pare-brise ou les rétroviseurs. Les enfants à proximité des véhicules seront également difficiles à voir.
Où se trouve les angles morts ?
- Angles morts de pilier de pare-brise : ils peuvent cacher les objets ou individus approchant de manière diagonale des deux côtés du véhicule ;
- Angles morts frontaux : la personne au volant ne pourra voir ce qui se trouve à proximité de l’avant du véhicule (jusqu’à une certaine hauteur) ;
- Angles morts latéraux : la visibilité sur le côté est très limitée et les rétroviseurs ne permettent pas de voir tout ce qui peut s’y trouver.
Au volant, connaissez-vous l’ampleur des angles morts de votre véhicule?
Une vue de l’extérieur et de ce que la personne au volant voit au même moment.
Bien s’assurer que la voie est libre avant de faire une manœuvre ou de démarrer son véhicule. Dans son véhicule, se décaler de quelques centimètres suffit !
Un enfant se trouvant à l’intérieur du triangle rouge ne sera pas visible de la personne qui conduit. Même si les technologies sont de plus en plus présentes dans les nouveaux véhicules pour seconder les conducteurs et rendre les manœuvres plus sécuritaires ; au volant, il faut rester à l’affût de ce qui pourrait se trouver autour de son véhicule !
2. Pour les automobilistes
Le plus grand risque pour les enfants qui jouent dans la rue est le comportement des automobilistes.
Automobilistes, soyez vigilant(e)s : au volant, nous avons une responsabilité plus grande face à la sécurité des enfants !
Les bons gestes à adopter au volant :
Ces comportements s’appliquent lors de l’ensemble des déplacements en véhicules motorisés. Cependant, lorsque vous circulez dans une rue de jeu libre, vous devez porter une attention particulière aux aspects suivants :
- Être prudent(e) et courtois(e) ;
- Faire attention à tous vos angles-morts ;
- Vous assurer de laisser le temps aux enfants et autres usagers vulnérables de bien dégager la chaussée avant de passer ;
- Adapter votre vitesse ;
- Éviter les distractions aux volants (cellulaire, manipulation de GPS, musique trop forte, nourriture, cigarette, etc.)
De 2011 à 2015, la principale cause des collisions impliquant un(e) piéton(ne) était la distraction (64%). La responsabilité était attribuée au conducteur dans 68% de ces collisions et dans 17% des cas au conducteur et au piéton(ne) (SAAQ, 2016). Il faut donc être encore plus vigilant(e)s dans les zones où le jeu dans la rue est permis.
Rappel : les conséquences d’un impact selon la vitesse :
Selon la Société de l’assurance automobile du Québec, la distance de freinage lorsqu’une automobile roule à 30km/h est de 15,5 m alors qu’à 50km/h elle est de 31,2 m, en incluant le temps de réaction du conducteur. Une chaussée mouillée ou glacée, un véhicule plus lourd ou des pneus et freins en mauvais état sont des facteurs qui augmentent ces distances.
Distances de 15 et 30m, vues du conducteur.
Pour un(e) piéton(ne) adulte, la probabilité de décès lors d’une collision avec une automobile qui circule à 30km/h est de 10%. À 50km/h, la probabilité de décès augmente à 75%. À partir de 70km/h, elle est près de 100% (SAAQ, 2016) :
Le simple respect de la limite maximale de vitesse n’est donc pas suffisant pour assurer la sécurité des enfants qui jouent dans la rue. En présence de personnes vulnérables, il est nécessaire de ralentir et d’adapter sa vitesse aux conditions réelles rencontrées.
3. Pour les enfants
Cette initiative concerne principalement les enfants. Leur responsabilité est d’en profiter pleinement !
Le jeu libre dans la rue leur permet de faire de l’activité physique à proximité de la maison, de s’approprier leur milieu de vie, de créer des liens avec leur communauté immédiate et d’apprendre à partager la rue avec tous les usagers. Selon les parents, l’éducation des enfants est essentielle afin qu’ils puissent bien distinguer les endroits où le jeu libre est permis et les conditions à respecter pour qu’il soit sécuritaire.
Les bons gestes à adopter :
- Demeurer vigilant(e) ;
- Faire attention aux personnes plus petites que soit, puisqu’elles sont moins visibles ;
- Se tenir éloigné des véhicules qui manœuvrent.
Témoignages
Le projet-pilote Jouer dans ma rue est récent et encore peu connu de la population. Les témoignages reçus des parents et enfants qui y participent démontrent l’intérêt de ce projet :
« Comme il s’agit d’une section de rue très droite, assez longue (130 mètres environ), et avec assez d’espace aux entrées, les automobilistes nous voient très bien lorsqu’ils viennent emprunter la rue. Pour la très grande majorité, ils entrent très lentement dans la rue et attendent qu’on se tasse avant de passer à une vitesse sécuritaire […]. Le projet a donc un effet « atténuation de la vitesse » intéressant. » – Témoignage d’un résident et parent.
« […] Quant aux participants, ils se sentent généralement en sécurité lorsque nous occupons la rue. Pour ma part, ce que je considère le plus risqué, c’est la transition entre le moment où il n’y a personne dans la rue et où nous sortons y jouer. Il faut s’assurer qu’aucune auto n’arrive avant d’y aller pour éviter qu’un automobiliste pressé, dont la visibilité peut être affectée par les voitures stationnées, arrive rapidement et frappe un enfant qui arrive en courant et n’aurait pas regardé avant d’aller jouer. Ainsi, au moment de débuter le jeu, la supervision des parents est cruciale selon moi (surtout pour les plus jeunes moins sensibilisés à la sécurité routière – 2 à 5 ans) pour éviter un accident au début. Mais pour le reste, quand on est présents sur la rue, on se sentait en sécurité. » – Témoignage d’un résident et parent.
« […] L’espace jeu libre fait le bonheur des tous! La vitesse n’est pas toujours diminuée par les usagers qui circulent en automobile par contre. Peut-être faudrait-il mettre une pancarte 30km/h max pour le rappeler ? » – Témoignage d’une résidente.
« Les autos prennent vraiment beaucoup de place dans la rue et que c’est vraiment bien qu’on puisse aussi utiliser cet espace pour jouer » – Témoignage d’un enfant.
Ce qu’il faut retenir : le b.a-ba du jeu dans la rue
Favoriser la cohabitation de tous les usagers de la rue :
- Être courtois(e) ;
- Respecter les consignes fixées ;
- Se tasser à l’approche d’un véhicule ;
- Laisser aux enfants le temps de se tasser.
Prendre son temps :
- Adapter sa vitesse en automobile ;
- Faire preuve de prudence en circulant ou en manœuvrant dans les rues concernées (attention aux angles morts !);
- Accompagner et expliquer aux enfants l’importance de bien regarder si la rue est libre avant de commencer à jouer.
Et surtout profiter de cette opportunité !
Vous trouvez cette initiative formidable mais vous ne savez pas si votre rue fait partie du projet pilote ?
Retrouvez toutes les rues choisies par secteur et les informations complémentaires au projet pilote.
Également, si vous rencontrez la signalisation ci-dessus, alors votre rue fait partie du projet Jouer dans ma rue!